En 1848, c’est le « Printemps des peuples », un ensemble de révolutions contre les empires monarchiques qui secouent aussi bien Vienne, Berlin, Milan, Prague que Paris. Ces mouvements révolutionnaires expriment la volonté d’émancipation démocratique des couches populaires urbaines et rurales – les « damnés de la terre », les « forçats de la faim » –, animées par une nouvelle classe sociale en plein essor, le prolétariat qui, désormais, lutte en fonction de ses propres intérêts. D’où la création de l’Association internationale des travailleurs (AIT) à Londres le 28 septembre 1864. À ses débuts, la Première Internationale ne regroupe que quelques petits groupes syndicalistes, socialistes, mutualistes, anarchistes, républicains, blanquistes et communistes. Peu à peu, l’idée se répand, se transforme, s’adapte aux différents contextes nationaux. L’AIT prend racine dans plusieurs pays européens et même outre-Atlantique. Surtout, les masses laborieuses insurgées réinventent l’exercice du pouvoir politique en proclamant la Commune de Paris. Puisque la classe ouvrière n’a pas de patrie, sinon celle de sa solidarité, l’objectif, comme le proclame L’Internationale, le chant révolutionnaire désormais célèbre, est que le monde change de base au profit du genre humain !
Dans le cadre du 150e anniversaire de la fondation de l’AIT, cet ouvrage retrace le long effort de solidarité ouvrière à partir de textes inédits d’un collectif international d’auteures. Dans un premier temps, il examine le contexte politique et théorique de la formation de l’AIT. Il s’intéresse notamment au monde atlantique et aux questions coloniales. Puis, il explore ses ramifications en Irlande, en Italie, aux États-Unis, en France et, plus tard, en Russie, en Amérique latine, au Canada et même en Chine. Enfin, L’Internationale sera le genre humain ! se penche sur l’héritage de la Première Internationale et prend acte que ce projet plus que centenaire est aujourd’hui encore bien vivant, grâce à l’action des mouvements sociaux contemporains qui luttent pour la liberté, la justice et un monde meilleur dans les rues d’Athènes, de Tunis, de Baltimore, de Montréal, de São Paulo, de Hong Kong, de Madrid…
Un collectif international d’auteurEs (dirigé par Thierry Drapeau et Pierre Beaudet), des spécialistes dans leurs domaines respectifs: Christophe Aguiton, Kevin B. Anderson, Thomas Collombat, Paul D’Almato, Patrizia Dogliani, Pascale Dufour, Alvin Finkel, Philippe Hurteau, Hongsheng Jiang, Xavier Lafrance, Mark Lause, Carlo de Maria, Amy E. Martin, Gustave Massiah, Timothy Messer-Kruze, Pierre Mouterde et Héloïse Nez.