Le conservatisme est désormais un courant extrêmement influent, sinon dominant dans les milieux culturel et intellectuel québécois. Il est composé, entre autres, de personnalités médiatiques cumulant les tribunes et de sommités universitaires jouant officiellement ou officieusement le rôle de conseiller politique. Les conservateurs – un véritable boys’ club – ont lancé une guerre des idées contre la gauche et les mouvements sociaux progressistes. Depuis au moins une vingtaine d’années, leurs voix s’élèvent dans les médias et les universités pour dénoncer les prétendus ravages des progressistes, qui sont présentés tour à tour comme «pluralistes», «multiculturalistes», «postmodernes», «libéraux- libertaires». Certains s’autoproclament «conservateurs de gauche», tandis que d’autres adoptent la posture sans faire sienne cette étiquette.
Pour les conservateurs, la gauche serait responsable des maux qui rongent la société : individualisme, consumérisme, hédonisme, cosmopolitisme, relativisme, nihilisme ; elle dévaloriserait systématiquement les institutions, dont la Nation et l’État, etc. Véritable débat politique – et même conflit social –, cette guerre culturelle entre forces conservatrices et progressistes a pour enjeu, entre autres, la légitimité des mobilisations sociales dont le Québec est le théâtre.
Structuré en trois parties, cet ouvrage collectif propose d’analyser le conservatisme québécois dans une perspective critique. La première partie présente l’histoire du conservatisme au Canada et au Québec, y compris dans une perspective féministe ; la seconde traite des débats au sujet de l’histoire et de son enseignement ; la dernière aborde le « conservatisme de gauche », particulièrement dans son rapport aux mouvements des femmes et étudiant.