Tandis que les forces de l’extrême droite se déploient avec une vigueur renouvelée, il est à nouveau urgent d’en saisir le fonctionnement au-delà des lieux communs. C’est à cela que s’est attelé Furio Jesi, dans cet essai dont la perspicacité et la teneur ne sont pas sans rappeler le Jargon de l’authenticité d’Adorno. Jesi décrypte en effet les appareils linguistiques et iconographiques qui sous-tendent le néofascisme, le nazisme et le racisme, démontrant que cette « culture de droite » fonctionne à partir du vide – un vide qu’elle remplit à l’aide d’une machine mythologique alliant symbolique et propagande politique. Ce faisant, Jesi démasque avec habilité le double mouvement de l’extrême droite contemporaine, capable de cacher sa violence la plus crasse sous une respectabilité petite-bourgeoise. Cette dualité est également historique : comme le dieu romain Janus, le néofascisme regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir, qu’il réifie et exalte dans sa « religion de la mort ».