Marchandisation, bureaucratisation, recul de l’autonomie universitaire, mise en concurrence, explosion de la précarité…, la plupart des systèmes d’enseignement supérieur nationaux semblent pris dans une dynamique tendant à faire du savoir une marchandise, de la recherche une force productive, des étudiantEs des clientEs et de l’Université une entreprise.
Les États prétextent la réduction des déficits publics et la constitution de « pôles d’excellence » en recherche pour asphyxier les universités en procédant à des coupes importantes de leurs budgets.
Des universitaires de quatre continents portent un diagnostic sur les évolutions récentes de l’enseignement supérieur dans leurs pays respectifs. Comme tout voyage, ce parcours offre au lecteur et à la lectrice le moyen de se décentrer par rapport à un univers national que l’on croit bien connaître.
Le modèle universitaire néolibéral est souvent présenté comme une panacée censée résoudre les problèmes structuraux des universités engoncées dans une logique de service public égalitaire jugée désuète par les « modernisateurs ».
Le destin des universités du monde, même si elles jouissent d’une certaine autonomie, est donc inséparable de celui des sociétés. On peut aussi dire qu’avec sa massification, l’enseignement supérieur offre une bonne image de la structure et donc des inégalités et des hiérarchies sociales propres à chaque pays.
C’est pourquoi le salut des universités, en particulier leur potentiel émancipateur et critique – lequel passe entre autres par le fait que chacun a le droit d’accéder librement au savoir et que la recherche ne soit pas asservie aux impératifs de la production marchande – ne dépend pas que de la seule mobilisation des universitaires, du personnel œuvrant dans ces institutions ou des étudiantes, mais aussi de la vigueur du mouvement social et politique – de sa capacité à se réapproprier un destin collectif confisqué par l’oligarchie financière et une poignée d’expertes autoproclamées.
Romuald Bodin, Mikael Börjesson, Elieth P. Eyebiyi, Christian Galan, Pierre Gervais, Hans-Ulrich Jost, Annick Lempérière, Shigeru Okayama, Atsumi Omae, Sophie Orange, Yoshihiko Shiratori, Eli Thorkelson, Hélgio Trindade, Pierre Vermeren et Jean-Philippe Warren collaborent à cet ouvrage dirigé par Christophe Charle et Charles Soulié.
Coédition avec Syllepse (Paris)