« On ne sortira donc pas de la longue dépression par un “atterrissage en douceur”, l’avenir ne sera fait que de mouvements de reprises relevant du cycle d’affaires classique, suivies de nouvelles récessions, avec à la clé un développement continu du chômage, et des taux moyens de croissance à long terme beaucoup plus bas que ceux du boom d’après-guerre. »
Aboutissement de trente ans de recherche sur l’évolution du capitalisme, cet ouvrage replace dans une perspective historique ses principales tendances économiques et sociales ainsi que ses relations avec les facteurs politiques. Il en analyse les différentes périodes – et leurs fonctionnements spécifiques – dans lesquelles alternent des phases expansives et récessives. Ernest Mandel introduit le concept novateur d’onde longue en lieu et place de cycle. Un des éléments les plus importants de sa théorisation concerne les conditions de passage à une nouvelle phase expansive, à la reconstitution d’un « nouvel ordre productif ». L’auteur traite, entre autres, des dynamiques du taux de profit, de régulation du système, des révolutions technologiques et des cycles de la lutte des classes.
Sa thèse centrale est celle d’une dialectique entre les facteurs objectifs du développement économique historique et les facteurs subjectifs (les mouvements sociaux, les secousses politiques, économiqueles révolutions) où ces derniers opèrent avec une relative autonomie. Ceux-ci ne sont pas mécaniquement prédéterminés par les tendances fondamentales de l’accumulation du capital, du changement technologique ou de l’impact de ces tendances sur le processus de l’organisation du travail.
Avec cet ouvrage, Ernest Mandel nous propose une actualisation des travaux de Karl Marx en termes, non d’économie, mais bien de critique de l’économie politique qui s’organise autour de perspectives de rupture avec l’ordre/désordre du monde dominant.
Michel Husson illustre les analyses de Mandel par un examen de la phase néolibérale du capitalisme mené selon deux fils directeurs. Le premier est que le capitalisme néolibéral correspond à une phase récessive et son trait spécifique essentiel est sa capacité à rétablir le taux de profit malgré un taux d’accumulation stagnant et des gains de productivité médiocres. Le second est que les conditions du passage à une nouvelle onde expansive ne sont pas réunies et que la période est caractérisée par une « régulation chaotique ».
Coédition avec Syllepse (Paris) et Formation Léon Lesoil (Bruxelles)
Préface de Daniel Bensaïd
Introduction de Francisco Louça
Postface de Michel Husson