De nos jours, il n’y a pas plus de prise de position favorable à la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle qu’il y a de prise de position publique pour l’esclavage. Il est également très difficile de trouver des partisanes déclarées de l’inégalité… Ce n’est pourtant pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer. La plupart présument que, même si elle n’est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable et sans dommage.
Est-ce que la décriminalisation du proxénétisme et la légalisation des maisons closes assureront une plus grande sécurité physique aux personnes prostituées ? Contrairement à la Cour suprême du Canada, la juriste de réputation mondiale, Catharine A. MacKinnon, répond négativement à cette question. Elle soutient que « loin de rendre la vie des prostituées plus sûre, la décriminalisation totale de la prostitution peut même la rendre encore plus dangereuse ». Pour cela, elle s’appuie sur les expériences des pays qui ont légalisé la prostitution et le proxénétisme et sur celles des pays, de plus en plus nombreux, qui décriminalisent les personnes prostituées et pénalisent les clients-prostitueurs ; la stigmatisation liée à l’activité prostitutionnelle se retourne désormais contre ceux qui en profitent : les prostitueurs et les proxénètes.
« Où que vous soyez sur la planète, le débat – et aussi généralement la loi – s’organise autour de cinq distinctions morales élémentaires, qui différencient le « vraiment très mal » du « pas trop mal ». La prostitution des adultes est distinguée de la prostitution des enfants, celle qui est pratiquée à l’extérieure dans la rue, de celle à l’intérieure, la prostitution légale de celle qui est illégale, la volontaire de la forcée et la prostitution est différenciée du trafic. La prostitution des enfants est toujours un mal pour les enfants ; la prostitution des adultes n’est pas toujours un mal pour les adultes. La prostitution pratiquée à l’extérieure peut être brutale ; pour celle qui opère à l’intérieure, c’est moins le cas. La prostitution illégale crée des problèmes que la prostitution légale résout. La prostitution forcée est mal ; la prostitution volontaire peut ne pas être trop mal. Le traite c’est vraiment, vraiment mal. La prostitution – si elle est, disons, volontaire, adulte, à l’intérieure et légale – peut être une forme de vie tolérable pour certaines femmes. […] Celles et ceux qui ont des choix – lesquels sont niés aux personnes prostituées – ne semblent pas pouvoir envisager une vie pour les femmes prostituées en dehors de la prostitution. Ces femmes elles-mêmes n’ont pas ce problème. Elles envisagent un vrai travail, de l’amour véritable, de la dignité et de l’espoir. »
Traduit de l’anglais (États-Unis)