Publié en août 1948, le manifeste Refus global est une déclaration de rejet de la société des années 1940, dite de la Grande Noirceur, un refus de tout ce qui paralyse la liberté de penser, de s’exprimer, d’agir et de créer. Rédigé par le peintre automatiste Paul-Émile Borduas, Refus global est un document fondateur du Québec moderne.
Conspués par la droite, qui les accusait d’être « de connivence avec les communistes ou d’en être », les automatistes étaient tout autant l’objet d’une virulente critique de la part de ceux-là mêmes qui se revendiquaient du communisme et qui les qualifiaient de simples « révolutionnaires de la toile ». Tournant le dos à l’action politique organisée et refusant de soumettre leur art à toute influence extérieure, les automatistes « se plaçaient à contre-courant du progrès de l’humanité, ne serait-ce que par une abstention coupable », soutenait dogmatiquement le journal Combat du Parti communiste du Canada.
C’est de cette « abstention coupable » que traite le livre de Marcel Saint-Pierre. L’auteur procède à une analyse minutieuse des rapports des automatistes avec le Parti communiste. Il puise abondamment dans les écrits et la correspondance de Paul-Émile Borduas et d’autres membres du groupe, principalement Claude Gauvreau et Fernand Leduc, pour rendre compte des débats sur cet enjeu. L’essai se termine par une recontextualisation de la position politique libertaire des automatistes.
Préface de Louis Gill